Le Grand Prix de l'Armistice 2006 à Maubuisson

Dernière grande régate avant la trêve hivernale, disputée dans un cadre superbe, le Grand Prix de l’Armistice à Maubuisson est une régate très appréciée des coureurs. Et la cuvée 2006 n’a pas dérogé à la règle, offrant des conditions de navigation exceptionnelles –brise et soleil – bien que fraîches aux 23 équipages présents.

Les Fireball couraient sur le même rond que les 470 et les 5O5. Grâce à l’efficacité du comité de course dirigé par Jean-Louis Tison, les flottes se sont rarement croisées, et les coureurs n’ont que très peu attendu entre les 10 manches du championnat. Le vent de Nord-Est fort et oscillant qui a régné pendant ces 4 jours a sans cesse redistribué les cartes, entretenant le suspense sur le nom des vainqueurs jusqu’à la dernière manche.

Si le nombre de concurrents était sensiblement inférieur aux années précédentes (33 bateaux par exemple en 2005), en revanche le plateau était remarquablement homogène. En effet, à mi-championnat et après deux journées, les 5 premiers du classement général se tenaient en deux points. La plupart des pronostics de comptoir donnaient alors gagnant le tandem Julien Bicler et Ludovic Roblin, du SNO Nantes. Nouveaux venus dans la série (ce n’est que leur deuxième régate de Fireball), ils ont en effet « claqué » 3 des 5 premières manches. Il faut dire que Julien est un ancien laseriste de haut niveau, et Ludovic un équipier très expérimenté, formé à l’école du 5O5.

Mais au coude-à-coude se trouvaient aussi l’Anglais Tim Rush, venu barrer le nouveau Winder de Joseph Thoby (CV La Flèche), le multiple champion de France Ludovic Alleaume (CN Estuaire) équipé pour l’occasion par Philippe Gault (CV Centre), Frédéric Mouchès et Jean-François Nouel (SNO Nantes), toujours réguliers aux avant-postes, ainsi que Pascal Anselmo et Jean Robillard (BN Ile Grande), très rapides dans la brise.

Mais le vent faiblissant progressivement sur les deux dernières journées du championnat a remis en cause le haut du classement. Moins à l’aise dans le médium et victimes d’une GV éclatée dans la manche 8, Pascal et Jean glissent de la 2ème à la 6ème place. Manquant certainement de coordination pour leur première régate ensemble, Ludovic et Philippe rétrogradent à la 5ème place du classement final. Julien et Ludovic enregistrent eux aussi une fin de championnat plus laborieuse, et se font souffler d’un point la 3ème place du podium par les étonnants Jenny et Malcolm Green, rapides, toujours présents et brillants en tactique pendant toute la régate.

La victoire finale a été disputée jusqu’au bout entre deux duos particulièrement expérimentés : Frédéric Mouchès / Jean-François Nouel et Tim Rush / Joseph Thoby. Avant les deux dernières manches, ces deux équipages n’étaient plus séparés que par un point. En gagnant l’avant-dernière manche, courue dans du petit médium, Frédéric et Jean-François creusaient cet écart à 3 points. Tim et Joseph tentèrent le tout pour le tout lors de la procédure de départ de l’ultime manche. Frédéric et Jean-François comptant déjà deux mauvaises manches, tout nouveau résultat au-delà de la 8ème place leur aurait été fatal. Tim et Joseph vinrent donc provoquer un match-race, essayant d’envoyer Frédéric et Jean-François au-dessus de la ligne de départ. Mais cette tactique échoua, et Tim et Joseph ne purent empêcher les deux Nantais de prendre un excellent départ qui les emmena tout droit vers une manche de 2èmes, deux places devant leurs challengers, synonyme de victoire finale.

Frédéric Mouchès et Jean-François Nouel remportent donc ce 37ème Grand Prix de l’Armistice. Jean-François conclut là en beauté une saison exceptionnelle : champion d’Amérique du Nord, 6ème du championnat du Monde disputés à Victoria (Canada) en mai, et 6ème du championnat d’Europe à Perros-Guirec en août. Cette performance est d’autant plus remarquable qu’elle a été accomplie avec trois barreurs différents : Franck Juin au Canada, Ludovic Alleaume à Perros-Guirec et son complice de toujours Frédéric Mouchès à Maubuisson.

Un grand bravo aux vainqueurs et à leurs dauphins pour ce duel de toute beauté. Merci à tous les équipages d’avoir fait le déplacement et au CV Bordeaux pour son organisation toujours impeccable. Les coureurs sont maintenant retournés dans leurs ligues parfaire leurs gammes en vue des premières régates du printemps 2007.

Martin Péculier