Construction bois : les matériaux

Les matériaux

La technique de construction utilisée est inspirée de méthode WEST (Wood Epoxy Saturation Technic), mise au point par les frères Gougeon dans les années 70. Le principe en est le suivant : les pièces de bois sont imprégnées de résine époxy. Cette imprégnation a un double effet : amélioration des caractéristiques mécaniques du bois, et protection contre les agents extérieurs (eau, air, insectes, moisissures). La résine époxy utilisée pour l'imprégnation peut être complétée par différentes charges qui l'adaptent aux autres tâches de construction (collages, joints-congés, enduits).

Contre-plaqué et bois

Les autres matériaux utilisés sont essentiellement du contre-plaqué et des tasseaux. Le contre-plaqué doit être de type marine, en okoumé, épaisseurs de 4 mm (3 plis) et 6 mm (5 plis). Vous pouvez choisir un contre-plaqué possédant un placage bois fin (sapelli, orme, sycomore, etc...) pour le pont. C'est plus cher et plus fragile, mais plus joli. Toujours dans le domaine de l'esthétique, je recommande d'utiliser du contre-plaqué okoumé 2 faces acajou pour les panneaux de caisson, et les cloisons avant et arrière. Avec le temps, il prend une belle teinte rouge, alors que l'okoumé devient d'un jaune pas très heureux.

Le bois massif doit être léger. Si vous le pouvez, achetez un plot de red cedar ou de samba, et faites le débiter chez votre menuisier. On trouve dans les grandes surfaces de bricolage des tasseaux en ayous, bois jaune clair, léger (densité 0,4), de la même famille que le samba.

Il faut aussi prévoir du bois massif assorti au pont, pour la finition (listons, intérieur cockpit, etc...).

Utilisation de la résine époxy et des charges

La résine époxy utilisée est la SP320. C'est une résine fluide et très transparente, ce qui permet de l'utiliser pour les opérations de revêtement, même pour les surfaces vernies. Deux types de durcisseur sont disponibles : lent et rapide. Le durcisseur lent est parfaitement adapté à la construction amateur sous notre climat.

Cette résine est complétée par différentes charges : silice colloïdale, micro-fibres, fairlite, micro-ballons. La silice colloïdale est une poudre très fine qui sert à épaissir la résine, pour la rendre moins fluide. Les micro-fibres sont utilisées pour les collages. Le fairlite est une poudre de micro-sphères creuses de couleur blanche. Il permet d'obtenir une pâte très légère servant à réaliser des joints-congés, et des enduits. Les micro-ballons sont également des micro-sphères creuses, mais de couleur brun-rouge. Ils sont principalement utilisés pour les joints-congés aux endroits visibles (cockpit).

Une notice détaillée concernant l'utilisation de la résine est disponible chez le fournisseur. La résine et le durcisseur doivent être mélangés dans le proportion de 5 volumes de résine pour 2 volumes de durcisseur. Afin de faciliter la manipulation de la résine, on utilise des pompes doseuses, qui se vissent directement sur les goulots des bidons de résine et de durcisseur. La précision de ces pompes laissant à désirer, la mesure des quantités se fait avec des pots gradués pour les quantités importantes, et avec des seringues pour les petites quantités (les plus fréquentes). Le nettoyage des outils se fait avec le solvant B, formulé pour cet usage. Les surfaces à coller doivent être poncées au papier grain 120, puis nettoyées avec un chiffon imbibé de solvant A. Avant de travailler avec de la résine, il est impératif de se protéger les mains avec de la crème barrière. La crème nettoyante permet de se nettoyer les mains après le travail, et de finir le nettoyage des pinceaux.

Les différentes pièces en contre-plaqué doivent être revêtues d'au moins deux couches de résine. Il est recommandé d'appliquer la résine sur les pièces avant leur montage. Ceci permet de travailler à plat, d'utiliser des rouleaux, et d'utiliser moins de résine. Appliquer la résine au pinceau (petites surfaces) ou au rouleau sur le bois poncé et nettoyé. Pour l'application au rouleau, utiliser des rouleaux spéciaux revêtus d'une fine couche de mousse (3 mm). Ces rouleaux sont assez larges et peuvent être coupés en deux pour les petits travaux. Laisser polymériser au moins 24 heures, puis poncer au papier à l'eau (grain 120 ou 180), sécher, nettoyer avec un chiffon imbibé de solvant A, et appliquer une seconde couche de résine.

Pour les collages, on charge la résine avec des micro-fibres. Mélanger la résine et le durcisseur, puis ajouter des micro-fibres jusqu'à l'obtention de la viscosité désirée. Si une pièce à coller n'a pas été résinée, passer d'abord une couche de résine pure, laisser le bois absorber la résine (10 à 20 mn), puis encoller les deux parties à assembler, les mettre en place et les maintenir par des serre-joints. Il faut enlever la résine qui déborde du joint avant polymérisation, si on ne veut pas passer de longues heures à poncer.

Les joints-congés sont réalisés avec un mélange résine-fairlite ou résine-micro-ballons. La résine est légèrement épaissie avec de la silice colloïdale (20 à 30%) avant d'incorporer les micro-sphères, jusqu'à obtention de la consistance voulue (comme du Nutella). Les joints-congés permettent l'assemblage de panneaux de contre-plaqué, sans tasseaux. Les assemblages ainsi réalisés sont plus légers et aussi solides que les assemblages classiques (la limite est la résistance du contre-plaqué, pas celle de l'assemblage). Les pièces à assembler doivent être maintenues en place pendant le durcissement de la résine. L'idéal est de les coller auparavant. Garnir le joint avec le mélange résine-micro-sphères, puis lisser la surface du joint avec un morceau de bois taillé à la forme voulue. Enlever immédiatement les surplus de mélange de chaque côté du joint.

 
Réalisation d'un joint-congé